Durée 1h
L’Exil d’Hortense est un roman abracadabrant, écrit à l’encre humoristique, truffé de références littéraires, de styles d’écriture, de mises en abîme et qui réfléchit sérieusement la forme romanesque comme un jeu. Roubaud était un grand ami de Perec, avec lequel il s’adonnait à la poésie oulipienne et à l’art subtil du go.
Ce roman constitue le matériau textuel sur lequel s’appuie l’adaptation théâtrale à laquelle se livre Zoé-Sian Gouin, dans la peau d’Hortense.
Extrait
Hortense venait à peine d’abandonner ses seins pour porter sa main savonneuse sur son ventre que la porte de la salle de bain s’ouvrit, et le Prince Augre entra. Elle vit tout de suite que c’était le Prince Augre ( le mauvais ) et elle se sût perdue. Alexandre Vladimirovich (le Prince chat) parviendrait sans doute à rejoindre Gormanskoï,( le bon Prince). Celui-ci accourrait pour la délivrer. Il la délivrerait, elle en était certaine ; mais ce serait trop tard ; la Honte Absolue, à laquelle elle avait échappé in extremis lors de sa précédente aventure allait lui être infligée. Elle résolut de vendre chèrement sa peau, du moins la portion de sa peau qui se trouvait en cause. Et, qui sait, gagner du temps ? Un coup de genou, peut-être ? Sa main se crispa sur le savon…
Sur scène, quelques éléments figurent l’intérieur d’une jeune femme. Un grand rideau en plastique pend des cintres ; on projette sur cette surface les images et la voix du chat, les titres des chapitres. Notre héroïne entre en peignoir, se glisse dans les méandres du texte comme si elle se racontait à elle-même cette histoire, interprétant divers personnages. S’aidant d’images, d’enregistrements, de musique référentielles, d’animations naïves, on la suit donc à l’envie, légèrement vêtue, confrontée aux affres et aux épreuves qu’éprouvent la pauvre Hortense. Tout au long de la représentation, elle se prépare et s’habille pour aller en soirée. Avant d’éteindre la lumière, et celle du spectacle avec, elle n’oublie pas de nourrir son chat.